The great migration

Nouvelle de Ma Boyong

Sinopticon 2021 a celebration of chinese science fiction / Solaris Editions pour la présente traduction

Chaque année, à la gare spatiale d’Olympus Mons, des milliers de voyageurs se rassemblent dans un seul but : obtenir un billet pour retourner sur Terre

« En raison d’un incident voyageur, votre navette est retardée… »

Dans le futur de la SF, il y a des grandes avancées techniques, les vaisseaux spatiaux, les nouveaux matériaux, les nouvelles intelligences. Et il y a des choses qui ne changent pas. Réserver un billet pour voyager reste un bordel sans nom.

C’est ce que nous explique notre narrateur, un homme qui a déjà vécu plusieurs Grandes Migrations. La GM amène les habitants de Mars souhaitant retourner sur Terre à se présenter pour prendre leurs billets sur place. Il n’est pas possible de réserver d’avance via le net en raison des conditions de vie sur la planète rouge qui parfois empêché d’arriver à temps. En théorie, cette méthode est considérée juste pour tous. En pratique… circuler un jour de victoire de la France à la coupe du monde de foot est une promenade de santé comparé à l’enfer raconte dans cette nouvelle.

En effet, l’impossibilité de réserver par avance ouvre la porte à tous les trafics et les tricheries. Peindre sa carte d’identité, payer des pots de vin, coucher avec des officiers supérieurs, tout y passe pour le narrateur et ses compagnons d’infortune afin d’obtenir le précieux sésame. Rapidement, on découvre que les autorités sont débordées et laissent la situation empirer sans pouvoir faire quoi que ce soit. Les locaux sont inadaptés pour recevoir autant de monde, bref rien ne va…

En résident en Europe, on pense forcément aux migrants qui quittent leurs pays en proie à toutes sortes de maux et de dangers pour survivre en lieu sûr. Et pourtant, à l’origine de ce déplacement de masse, il y a une raison aussi sérieuse que triviale : les fêtes du nouvel an lunaire, qui voient se déplacer en masse les populations de différents pays d’Asie pour rejoindre leurs proches parfois à des centaines de kilomètres. Cette transhumance est donc on ne peut plus légale, elle est simplement désorganisée au delà de l’imaginable.

L’auteur prend ainsi un mal plaisir à ajouter du désespoir, couche après couche, pour son héros, invoquant la loi de Murphy dans toute sa cruauté au point d’atteindre le point de non-retour. Tout sent la sueur, le sable, le stress et l’énervement dans cette station qui pourrait exploser sous la rage des candidats au départ. C’est comme voir son train annulé sans rien pouvoir faire d’autre que d’en vouloir à la terre entière.

Mars a peut-être été conquise, mais la vie y reste rude et la Grande Migration démontre que même là, l’humanité a des limites et n’a pas su dépasser certains concepts dans le but d’améliorer son existence. Le monde de The great Migration est comme piégé dans son passé alors qu’il pourrait regarder l’avenir, et ça a quelque chose de désespérément fascinant.

Une réflexion sur “The great migration

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